Plastics Europe appelle à généraliser la collecte sélective pour faire décoller le recyclage des plastiques

Dans une économie qui, à fin 2021 avant la guerre en Ukraine, a plus ou moins retrouvé ses niveaux d’activité d’avant la crise du Covid-19, l’économie circulaire des plastiques continue de progresser, mais à un rythme bien trop lent. En Europe, et surtout en France, la collecte non sélective des déchets plastique reste un handicap clé ainsi que souligné par le rapport The Circular Economy for Plastics publié par Plastics Europe.

Fin 2021, en Europe, la production de matières plastiques (base fossile) a retrouvé son niveau d’activité d’avant la pandémie de Covid 19. Il en est de même pour les secteurs clients, à l’exception notable de l’industrie automobile plus durement impactée. En France, où l’activité des secteurs clients reste globalement en retrait, la production de matières plastiques est toujours en recul de 9% par rapport à 2019. La plasturgie a, quant à elle, enregistré une moindre baisse de son activité sur la même période (- 2%).

Comparée à 2020, qui a été marquée par une baisse de 11,3%, 2021 s’affiche pourtant comme une année de reprise en France, avec une augmentation de la production de matières plastiques de 2,5%. Dans le même temps, la plasturgie a connu une progression de 6,1% de son activité.

La reprise a été particulièrement soutenue dans le bâtiment, avec une demande de matières plastiques de 1,1 million de tonnes, soit + 15,7% par rapport à 2020.

L’automobile, avec 400 kt, a enregistré une croissance de la demande de + 17% qui pour autant ne lui a pas permis de rattraper son niveau d’avant Covid.

Le secteur de l’emballage a enregistré une très légère croissance de sa demande en plastiques vierges (+ 40 kt environ). Toutefois, comparée aux années d’avant Covid, la baisse se poursuit (- 134 kt, soit – 6% par rapport à 2017), signe des efforts du secteur en faveur d’une plus grande circularité de ses produits. Au-delà de la réduction et du réemploi, et selon le Syndicat national des régénérateurs de matières plastiques (SRP), 2021 a été marquée par une très forte reprise de la production de MPR (Matières plastiques recyclées) en France (+ 19%) dont l’emballage représente 42 % des débouchés. Ainsi, l’incorporation de matières recyclées dans ce secteur progresse en parallèle de la baisse du recours au vierge.

En 2020, après l’agriculture qui utilise près d’un quart de recyclé, le bâtiment est le secteur incorporant la plus forte proportion de MPR dans ses produits, tant en France (14% de MPR incorporés, soit 167 kt) qu’en Europe (16,5% / 2 095 kt), loin devant l’emballage (respectivement 6% et 6,6% / 1 393 kt).

Ces résultats reflètent la part sans cesse croissante de la circularité dans l’économie des matières et produits plastique. En France, les déchets plastique collectés ont augmenté de 2,6% entre 2018 et 2020 (3 760 kt). La part du recyclé dans la production nationale de matières plastiques a progressé de 12,9% en 2018 à 14,3% en 2020 (15,2% dans l’EU27 + 3), soit 714 kt, répartis entre 387 kt de MPR issues de déchets post consommation et 327 kt issues de déchets pré consommation. Ceci montre que l’on collecte et recycle un peu mieux les plastiques chaque année.

Toutefois, pour les secteurs ou segments de marché où il n’existe pas – ou pas encore – de REP ou de système volontaire (comme dans l’agriculture / 51% des déchets envoyés au recyclage), les déchets plastique sont très mal valorisés. Ainsi 71% des déchets du bâtiment finissent-ils encore en décharge, la valorisation énergétique demeurant, dans notre pays, le mode de traitement majoritaire de l’ensemble des déchets plastique (44%).

Pour autant, l’existence d’une REP n’est pas en soi une garantie de succès. La collecte en mélange apparait clairement comme le maillon faible qui freine le développement de l’économie circulaire des plastiques. Sur les 2 150 kt de déchets plastique collectés en mélange, seule une infime partie est envoyée au recyclage (environ 50 kt). Le cas des emballages est éloquent : seul un gros tiers (soit 780 kt) des emballages est collecté séparément et peut ainsi être envoyé au recyclage à hauteur de … 77% (600 kt) !

Pire, la collecte en mélange est également trop souvent synonyme de mise en décharge, pour plus de 40% de l’ensemble des déchets concernés.  

A noter que la collecte dite sélective dans les déchetteries (environ 365 kt) se révèle très peu performante. Tout comme la collecte en mélange, elle entraîne un recyclage quasi nul des plastiques et une mise en décharge importante.

De tels constats appellent aux efforts de tous et à une volonté politique forte pour en finir avec le gâchis de ressources induit par la collecte en mélange, dont la part en France (57,2%) reste supérieure à la moyenne européenne (50,8%). Au niveau européen, la collecte sélective permet de recycler une proportion de plastiques 13 fois plus élevée que la collecte en mélange. Sa montée en puissance est la condition sine qua non de la circularité des plastiques, y compris pour le recyclage chimique.

“Alors que Plastics Europe milite en faveur d’une circularité optimale des plastiques, la collecte reste un verrou majeur susceptible d’hypothéquer la transition dans laquelle s’est engagée et investit notre industrie. En France, 77% des déchets d’emballage collectés séparément sont envoyés au recyclage. Etendue à l’ensemble de ce seul gisement, la collecte sélective permettrait à notre pays de largement doubler sa production de plastiques recyclés. D’autant que le développement du recyclage chimique permettra de traiter les refus de tri et les déchets non recyclables par voie mécanique, pour obtenir, qui plus est, une qualité égale au vierge.” conclut Jean-Yves Daclin.

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Jean-Yves Daclin, Directeur Général Plastics Europe France